Le 21 octobre dernier, Thomas Grutter et Alexandre Specht, du laboratoire Conception et application de molécules bioactives (CAMB - CNRS/Unistra) ont reçu le prix La Recherche 2014, pour avoir développé une nouvelle méthode permettant de stimuler l’activité électrique des neurones par la lumière. Éclairage sur ce formidable outil de recherche pharmacologique.
100 milliards, c’est le nombre de neurones qui constituent notre cerveau. Ils permettent la propagation des informations sous la forme de signaux électriques. Ceux-ci sont déclenchés par le passage d’ions, des molécules chargées positivement ou négativement, au travers de canaux ioniques présents à la surface des cellules nerveuses. L’ouverture et la fermeture de ces canaux sont régulées par la fixation de molécules appelées neurotransmetteurs sur différents récepteurs.
« Dans l’équipe, nous nous intéressons plus particulièrement à la famille des récepteurs-canaux P2X présents dans la membrane cellulaire des neurones et impliqués dans de nombreuses fonctions physiopathologiques comme le développement des douleurs chroniques », explique le docteur Grutter, biochimiste et spécialiste en neurobiologie moléculaire. La finalité : décrypter en détails les cascades moléculaires déclenchées lorsque le récepteur est activé et les processus qui conduisent à la douleur chronique. Mais comme il existe plusieurs sous-types de récepteurs P2X, il est très difficile d’en activer un sélectivement. Pour cela, Thomas Grutter et son équipe, avec la collaboration du chimiste, le docteur Alexandre Specht, ont mis au point une méthode permettant de commander l’ouverture et la fermeture de la « porte » des canaux ioniques sous l’effet de la lumière.
A peine neuf mois pour développer un outil puissant et prometteur
« Pour ce faire, nous avons conçu une petite molécule appelée azobenzène, connue des chimistes, capable de changer de forme sous l’effet de la lumière », détaille Alexandre Specht. Puis les chercheurs ont modifié génétiquement un sous-type de récepteur P2X au niveau de la porte du canal afin d’y greffer ces azobenzènes. C’est le changement de configuration qui déclenche l’ouverture du canal ionique et le passage massif d’ions. Les méthodes utilisées jusqu’à présent consistaient à contrôler par la lumière l’entrée du neurotransmetteur à son récepteur, comme une clef qui rentre dans sa serrure. « Notre méthode est plus simple à mettre en œuvre puisque l’on agit directement sur la porte et non plus sur la clef dont la modification chimique est plus difficile à faire, souligne Thomas Grutter. Nous avons mis au point un commutateur moléculaire photosensible qui mine l’action de la clef ».
Grâce à cette méthode, les chercheurs pourront suivre les effets de l’activation spécifique des récepteurs P2X. Après avoir démontré que cette méthode fonctionnait in vitro sur des neurones exprimant le gène modifié du récepteur, la prochaine étape est de réaliser des souris transgéniques, afin de décrypter les voies de signalisation déclenchées in vivo. « Ce travail est une magnifique aventure humaine et un formidable travail d’équipe. Il y a eu à peine neuf mois entre les premiers résultats et la publication scientifique. Nous étions tous très excités face à la puissance de l’outil que nous étions en train de mettre au point », s’enthousiasme Thomas Grutter. Les chercheurs essayent maintenant de comprendre la géométrie fine de l’activation qui se produit au cœur du canal. Cet outil devrait à terme être transposable à d’autres familles de récepteurs-canaux.
Anne-Isabelle Bischoff
Mercredi 26 novembre 2014, quatorze jeunes et talentueux chercheurs de l’Université de Strasbourg étaient à l’honneur à la Maison interuniversitaire des Sciences de l'Homme - Alsace (Misha).
Dix d’entre eux se sont vu remettre les prix scientifiques « Les espoirs de l’Université de Strasbourg », mis en place dans le cadre de la mise en œuvre du levier Gestion des talents de l’Initiative d’excellence de l’Unistra. Cette cérémonie était également l’occasion de féliciter nos trois nouveaux membres juniors de l’Institut universitaire de France : Ioan-Ovidiu Ersen, Vincent Ritleng et Alexandre Sumpf, ainsi que le lauréat junior d’un projet financé par le Conseil européen de la recherche (ERC "Consolidator Grant"), Michael Weber.
Cette cérémonie officielle a été l'occasion pour Alain Beretz, président de l'Université de Strasbourg, Catherine Florentz, vice-présidente Recherche et Formation doctorale et les directeurs de laboratoire des lauréats, de féliciter les espoirs de l'université pour leurs parcours déjà exceptionnels.
« Les espoirs de l’Université de Strasbourg »
Le prix scientifique « Les espoirs de l’Université de Strasbourg » a pour objectif de récompenser les scientifiques ayant fait preuve d’originalité et de dynamisme dans la mise en œuvre de leurs recherches et dont les développements futurs s’annoncent prometteurs.
L’appel à candidatures était ouvert aux maîtres de conférences et aux chargés de recherche justifiant de six à dix années d’ancienneté dans les unités de recherche rattachées à l‘Université de Strasbourg (EA, UMR, UPR). La limite d’âge était fixée à 42 ans (rallongée de la durée des congés de maternité ou congés parentaux éventuels). Les candidats déjà primés par ailleurs (chaire, ERC, IUF, « fellows » de l’Usias) ont été exclus de cet appel à candidatures. 29 candidatures ont été reçues et étudiées par le jury et dix prix d’une valeur de 10 000 euros ont été attribués.
Un nouveau numéro de la revue ReCHERches. Culture et histoire dans l'espace roman vient de paraître aux Presses universitaires de Strasbourg. Intitulé « Chronotopes de l’attente », il est coordonné par Nathalie Besse de l'Université de Strasbourg et Raúl Caplán et Aurora Delgado de l'Université d'Angers.
« Chronotopes de l’attente » étudie la thématique de l’attente en littérature et au cinéma, et se décline en deux parties. La première intitulée « Cartographies de l’attente » interroge les espaces de l’attente, intensifiés par les émotions des personnages, des espaces qui se révèlent donc mimétiques ou actifs selon qu’ils épousent ou colorent les affects de ceux qui sont dans l’attente, entre angoisse et espérance. La seconde, « Comptes à rebours », amène nécessairement à penser le rapport au temps et, dans le cas du condamné à mort, le rapport à soi et au monde. Cette deuxième partie s’intéresse également à une fatalité ontologique : quelle vie qui ne soit en elle-même un inexorable compte à rebours ?
ReCHERches n°13/2014 - ISBN : 978-2-86820-576-6 - 154 pages - Prix au numéro : 17 euros TTCUn nouveau numéro de la revue Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet créée par l’Équipe de recherche interdisciplinaire Elsa Triolet/ Aragon (Erita) – dont Corinne Grenouillet, enseignante-chercheuse à l'Université de Strasbourg, est présidente – vient de paraître aux Presses universitaires de Strasbourg.
Y a-t-il à dire encore sur Aragon, après 2012, qui a vu commémorer le trentenaire de la mort de l’auteur par de multiples publications, ouvrages et articles, sur papier et en ligne, expositions et spectacles ? Ce volume, consacré à « Aragon, trente ans après », fait le pari que oui. Car, au-delà de quelques articles de synthèse prolongeant l’année commémorative, il explore pour l’essentiel des aspects méconnus ou peu traités de l’œuvre aragonienne comme de l’homme : sa réception, à l’international (Japon et Congo), et dans le champ scolaire (école, collège, lycée) voire universitaire (pour le cas de l’enseignement du français langue étrangère), la façon dont l’auteur investit dans son écriture ses activités de traducteur, de journaliste ou d’éditeur, de nouvelles pistes intertextuelles (Maurice Barrès, Arthur Rimbaud, le peintre André Masson), mais aussi une facette inattendue de l’enfant qu’il fut, grâce à une correspondance et un témoignage inédits. Alors pour paraphraser Aragon lui-même, il est urgent de « commencer par [nous] lire »…
ISBN : 978-2-86820-904-7 - 276 pages - Prix : 25 euros TTCL’ouvrage de Bertrand Marquer, maître de conférences à la Faculté des lettres de l’Université de Strasbourg, vient de paraître aux éditions Hermann. Cet ouvrage est soutenu par le conseil de publication de l’université.
En partant de la définition que Michel Foucault donne de la clinique, cet essai propose de relire un certain nombre d’œuvres fantastiques de la fin du 19e siècle (Maupassant, Lorrain, Lermina, Villiers, mais aussi Zola), en s’interrogeant sur ce qui permet de les cataloguer comme « fantastiques ». La naissance de la clinique est en effet traditionnellement rattachée à l’esthétique réaliste, à laquelle elle fournit une méthode, un objet (la pathologie), et un système d’explication.
L’hypothèse avancée est alors que le fantastique fin-de-siècle relève d’une optique particulière (le « fantastique réel ») puisant dans la clinique un certain nombre de ses règles poétiques : le principe de Broussais (la continuité du normal et du pathologique), le principe de Baillarger (le primat de l’involontaire), et le rôle de l’analyse (devenue principe morbide de déliaison).
L’ouvrage de Christian Grappe, professeur de nouveau testament à la Faculté de théologie protestante de l'Université de Strasbourg, vient de paraître aux éditions Labor et Fides (Genève). Il est soutenu par le conseil de publication de l’université.
Cette recherche propose une approche largement inédite des représentations de l’au-delà attestées dans la Bible et le Proche-Orient ancien. Deux grands types peuvent être observés : des représentations spatiales qui envisagent que l’humain, à sa mort, rejoint le monde divin ; des représentations temporelles qui conçoivent, quant à elles, que c’est à la fin des temps qu’une résurrection rendra possible la pleine communion avec Dieu. L’ouvrage indique parallèlement que ces deux conceptions, spatiale et temporelle, loin de s’exclure, se complètent et gagnent bien souvent à être conçues en tension, chacune d’elles reflétant une anthropologie spécifique. Concernant la prédication de Jésus, l’auteur montre que l’accent est placé sur la présence de l’au-delà, et comment, après lui, les deux trajectoires d’une eschatologie spatiale et d’une eschatologie temporelle ont continué de faire leur chemin au sein du mouvement chrétien naissant.
Éditions Labor et Fides (Genève), collection « Le monde de la Bible » - ISBN : 978-2-8309-1562-4 - 320 pages - 29 eurosLes informations relatives à la procédure spécifique d’avancement de grade (campagne 2015) sont publiées sur le portail Galaxie dédié aux enseignants-chercheurs.
Cette procédure est exclusivement réservée aux enseignants-chercheurs exerçant les fonctions particulières suivantes :
La demande d’option s’effectue du 12 novembre au 12 décembre 2014 inclus, par voie électronique. Les candidats sont invités à lire préalablement la notice explicative. En cas de doute, le Bureau de gestion des personnels enseignants se tient à leur disposition pour confirmer leur éligibilité.
La campagne d’avancement de grade de droit commun, concernant les enseignants-chercheurs ne relevant pas de la procédure spécifique, ou ne souhaitant pas y participer, fera l’objet d’une communication dès que possible.
L'Université numérique thématique consacrée aux champs disciplinaires des sciences humaines, des sciences sociales, des lettres, des langues et des arts se nomme l’Université ouverte des humanités (UOH). Pour favoriser une meilleure réussite des étudiants et contribuer au développement de l’université numérique française, l’UOH offre sur son portail librement accessible des contenus pédagogiques validés scientifiquement, pédagogiquement et techniquement : texte, audio, vidéo, multimédia, etc. Les ressources proposées sont des compléments et/ou des supports aux cours en présentiel qui permettent la diversification des modes de transmission des connaissances et offrent la possibilité à tous les établissements supérieurs de construire des stratégies d'enseignement s'ils le désirent.
Les personnels Biatss à l'université au 1er janvier 2014